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VERS UN REGIME AUTORITAIRE ? (par Maurice D.)

<p><br />&Agrave; Rome, &agrave; la demande du peuple, l'empire d'Auguste succ&eacute;da &agrave; la R&eacute;publique dont l'&eacute;lite politique &eacute;tait devenue corrompue. En France, le m&ecirc;me ph&eacute;nom&egrave;ne se produisit, plus vite, en quelques ann&eacute;es, d&egrave;s la Premi&egrave;re R&eacute;publique qui se perdit dans le sang et la corruption g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e des socialistes jacobins et des communistes montagnards, et ce fut Napol&eacute;on. On oublie souvent que le ph&eacute;nom&egrave;ne se reproduisit encore avec la Seconde R&eacute;publique et Napol&eacute;on III dont le r&egrave;gne commen&ccedil;a en pr&eacute;sidence de la R&eacute;publique et s'acheva en Empire l&eacute;gitim&eacute; par des pl&eacute;biscites &eacute;crasants jusqu'&agrave; sa fin.<br /><br />&Agrave; une r&eacute;publique pourrie par son &eacute;lite politique, d&eacute;mocratiquement &eacute;lue certes, mais rendue malhonn&ecirc;te par sa professionnalisation, le peuple et les juristes constitutionnalistes pr&eacute;f&eacute;raient un homme seul, r&eacute;guli&egrave;rement contr&ocirc;l&eacute; par le suffrage universel.<br /><br />C'&eacute;tait, notons-le, l'id&eacute;e de De Gaulle avec la V<sup>&egrave;me</sup> R&eacute;publique donnant le pouvoir r&eacute;el au seul pr&eacute;sident de la R&eacute;publique mais en restant dans un cadre r&eacute;publicain. Sauf que, dans les cas pr&eacute;c&eacute;dents, l'heureux &eacute;lu disposait d'une dur&eacute;e de mandat quasi ind&eacute;termin&eacute;e lui donnant le temps de r&eacute;tablir un d&eacute;veloppement durable, tant social qu'&eacute;conomique, sans &ecirc;tre &agrave; la merci de majorit&eacute;s politiques changeantes. <br /><br />En fixant une dur&eacute;e de sept ans, encore raccourcie &agrave; cinq ans, l'avantage donn&eacute; par le mandat &agrave; dur&eacute;e ind&eacute;termin&eacute;e du premier personnage de l'Etat a &eacute;t&eacute; d&eacute;truit et l'on est retomb&eacute; dans le vieux cycle infernal de la R&eacute;publique vite corrompue par une &eacute;lite politique carri&eacute;riste puisque quasiment &eacute;lue &agrave; vie. Mais le pire est que le peuple ne vote plus pour un homme de grande r&eacute;putation comme ce fut le cas pour Bonaparte, Napol&eacute;on et De Gaulle, deux g&eacute;n&eacute;raux et un politicien lib&eacute;ral (Napol&eacute;on III), <span style="text-decoration: underline;">mais pour un parti qui pr&eacute;sente un homme choisi par les militants</span>, ce qui fausse l'effet b&eacute;n&eacute;fique du principat (du latin "princeps", le premier d'entre tous) en portant souvent au pouvoir un homme d&eacute;j&agrave; corrompu.<br /><br />De plus, la V<sup>&egrave;me</sup> R&eacute;publique a bien des avantages, mais il lui manque la possibilit&eacute; d'un renouvellement du personnel politique par une dur&eacute;e de mandat limit&eacute;e afin d'&eacute;viter la corruption syst&eacute;matique de celui-ci. <span style="text-decoration: underline;"><br /><br />Car il ne faut surtout pas croire que seul Cahuzac soit corrompu : la plupart des &eacute;lus seraient bien en peine d'expliquer comment ils ont amass&eacute; en quelques ann&eacute;es de si coquets magots en &eacute;tant fonctionnaires et d&eacute;put&eacute;s toute leur vie, &agrave; commencer par l'actuel pr&eacute;sident de la R&eacute;publique et ses ministres</span>.<br /><br />Les avantages d'un syst&egrave;me imp&eacute;rial pour le r&eacute;tablissement de la prosp&eacute;rit&eacute; sociale et &eacute;conomique sont connus, ses inconv&eacute;nients aussi qui r&eacute;sultent le plus souvent des exc&egrave;s de quelques "princeps" gagn&eacute;s par la folie du pouvoir et qui finissent par le rendre h&eacute;r&eacute;ditaire et oppressif.<br /><br />Les principes d&eacute;mocratiques modernes condamnent l'empire en lui trouvant plus d'inconv&eacute;nients que d'avantages. Pourtant, les citoyens lass&eacute;s de la d&eacute;gradation de leur situation &eacute;conomique et de leur protection sociale par l'incomp&eacute;tence et la rapacit&eacute; des &eacute;lus et des ministres r&eacute;publicains finissent souvent par pr&eacute;f&eacute;rer le risque d'un homme seul &agrave; celui de la prolongation de leur mis&egrave;re. Ils abandonnent les valeurs de la R&eacute;publique et demandent &agrave; profiter des avantages d'un r&eacute;gime autocratique.<br /><br />Compte tenu du manque d'estime dont souffre la d&eacute;mocratie fran&ccedil;aise et son personnel politique aujourd'hui, les sondages indiquent que 76 % des Fran&ccedil;ais estiment que le syst&egrave;me ne fonctionne plus, que leurs &eacute;lus sont pourris jusqu'&agrave; la moelle, m&ecirc;me et surtout les socialistes, et ne sauront pas les sortir de la crise &eacute;conomique et sociale sans pr&eacute;c&eacute;dent que conna&icirc;t la France.<br />Il est bien possible que le peuple fran&ccedil;ais se d&eacute;cide &agrave; faire le choix d'un autocrate, peut-&ecirc;tre une femme mais plus certainement un militaire pour redresser la France.<br /><br />Les palinodies de Hollande et les incantations de Peillon pour r&eacute;tablir un semblant de morale publique et enseigner les valeurs de la R&eacute;publique aux enfants n'y changeront rien, parce qu'ils font une erreur de diagnostic : ce n'est pas le peuple fran&ccedil;ais qu'il faut changer, comme disait Brecht, pour moraliser la R&eacute;publique, mais ceux qui se sont autoproclam&eacute;s les plus comp&eacute;tents et les plus honn&ecirc;tes, et se sont appropri&eacute;s le pouvoir &agrave; vie par toutes sortes de petites man&oelig;uvres convergeant dans ce but : les &eacute;narques.<br /><br />Si on les juge aux r&eacute;sultats obtenus, ils sont loin d'&ecirc;tre aussi brillants et comp&eacute;tents qu'ils le pensent et l'on est en droit de se poser la question de leur place dans la soci&eacute;t&eacute;. Ne serait-il pas pr&eacute;f&eacute;rable de les cantonner aux places de second plan o&ugrave; De Gaulle les voyait quand il les appelait "<i>les grands commis de l'Etat</i>" ? Car il est clair qu'ils ne m&eacute;ritent pas plus. <br /><br />Ce dont la France a besoin aujourd'hui le temps de son redressement, c'est d'un Ronald Reagan qui redressa les Etats-Unis en faillite, d'une Margaret Thatcher qui sut faire revenir la prosp&eacute;rit&eacute; en Angleterre, d'un Helmut Kohl qui sut placer l'Allemagne sur les rails pour en faire la locomotive de l'Europe. Et arr&ecirc;tons de mettre aux commandes de l'Etat les &eacute;narques, les "fr&egrave;res" et les hommes de Goldman Sachs comme les Monti, les Draghi et autres Trichet, tous dot&eacute;s d'un esprit clanique et affairiste qu'un mien cousin surnommait les "Gold mit uns" ("l'or avec nous" par paraphrase de "Gott mit uns", Dieu avec nous).<br /><br />Et soyons clairs : les citoyens de la r&eacute;publique ne veulent pas d'une monarchie, ce qu'ils veulent, c'est une r&eacute;publique "restitu&eacute;e" apr&egrave;s son d&eacute;voiement par la classe politique, que ce soit &agrave; la fin de la IV<sup>&egrave;me</sup> r&eacute;publique par les socialistes et les communistes, que ce soit sous la V<sup>&egrave;me</sup> par les &eacute;narques, de droite d'abord, de gauche maintenant.<br /><br />Ils veulent une r&eacute;publique garantie par l'autorit&eacute; morale et l'exemple personnel de l'un de ses citoyens, comme le fut la V<sup>&egrave;me</sup> &agrave; son d&eacute;but avec De Gaulle, puis Pompidou, avant que les Mitterrand et Chirac ne lui inoculent les germes de la corruption dont Hollande est le triomphe.<br /><br />Mais ce citoyen l&agrave;, r&eacute;p&eacute;tons-le, ne pourra pas venir d'un parti, ce qui complique le probl&egrave;me car les partis "tous pourris" et tous truff&eacute;s d'&eacute;narques, m&ecirc;me le FN, ont bien verrouill&eacute; le syst&egrave;me d'accession au pouvoir.<br /><br />L'id&eacute;e n'est pas neuve, d&eacute;j&agrave; Cic&eacute;ron dans <i>De Republica</i> d&eacute;fend l'id&eacute;e d'une r&eacute;publique "temp&eacute;r&eacute;e" dirig&eacute;e par un "<i>premier entre &eacute;gaux</i>" (primus inter pares), "<i>attach&eacute; &agrave; l'id&eacute;al r&eacute;publicain et ne transgressant pas les cadres de la Constitution, mais repr&eacute;sentant, par son exemple, l'esprit m&ecirc;me de la r&eacute;publique, et capable de passer &agrave; l'action &agrave; tout moment pour r&eacute;tablir les &eacute;carts entre la r&eacute;publique concr&egrave;te et l'esprit qui devait l'animer</i>" (David Engels, <i>Le D&eacute;clin</i>). <br /><br />Il ne s'agit donc pas d'une monarchie, mais d'une r&eacute;publique dont le bon fonctionnement est garanti par un souverain d&eacute;tenant des pouvoirs civils et militaires importants, constamment l&eacute;gitim&eacute;s par le suffrage universel.<br /><br />Cette volont&eacute; populaire pour l'&eacute;lection directe d'un pr&eacute;sident "fort" se manifeste clairement en France avec le retour en gr&acirc;ce de Nicolas Sarkozy dans les sondages, maintenant qu'il est &eacute;vident que Hollande est trop mou, trop ind&eacute;cis, trop li&eacute; au socialisme, &agrave; la franc-ma&ccedil;onnerie et &agrave; divers clubs mondialistes pour &ecirc;tre l'homme que la situation n&eacute;cessite. Mais elle se manifeste aussi au niveau de l'Europe o&ugrave; les citoyens Europ&eacute;ens prennent de plus en plus souvent le risque de voter pour des partis radicaux pour faire entendre leur souhait. "<i>Peu importe, au fond, la forme constitutionnelle donn&eacute;e &agrave; cette autorit&eacute; centrale : monarchie "august&eacute;enne", dictature &eacute;clair&eacute;e dans le style de celles des ann&eacute;es 1930, protectorat &eacute;clair&eacute; de la r&eacute;publique par un ou plusieurs g&eacute;n&eacute;raux, pr&eacute;sidence sans cesse renouvel&eacute;e comme dans bon nombre de pays m&eacute;ridionaux, jeu de chaises musicales comme dans la Russie de Poutine et de Medvedev</i>" (David Engels).<br /><br />Toutes ces solutions refl&egrave;tent la m&ecirc;me chose : la volont&eacute; populaire d'avoir un homme qui op&egrave;re les choix entre les options politiques sans se pr&eacute;occuper de m&eacute;nager quelque parti que ce soit, sans &ecirc;tre &agrave; la merci d'&eacute;ch&eacute;ances &eacute;lectorales &agrave; r&eacute;p&eacute;tition ou d'une r&eacute;vocation par l'opposition, le temps que la prosp&eacute;rit&eacute; &eacute;conomique, la protection sociale, la s&eacute;curit&eacute; et l'identit&eacute; de la nation soient clairement r&eacute;tablies. <span style="text-decoration: underline;"><br /><br />La concurrence entre partis d&eacute;mocratiques est en effet devenue trop dangereuse et leurs membres trop incomp&eacute;tents du fait des "primaires" qui font monter au sommet non le meilleur et le&nbsp; plus comp&eacute;tent, mais le plus indolore et le plus roublard, pour que la stabilit&eacute; de l'Etat et le d&eacute;veloppement durable du pays puissent &ecirc;tre assur&eacute;s</span>.<br /><br />Les incoh&eacute;rences entre les "valeurs" et les id&eacute;aux d&eacute;mocratiques affich&eacute;s et la r&eacute;alit&eacute; technocratique d'un pouvoir qui &eacute;chappe de plus en plus aux &eacute;lecteurs m&eacute;pris&eacute;s par les dirigeants sont &eacute;videntes (traitement de la "grande manif" de droite comme de leurs alli&eacute;s de gauche par le pr&eacute;sident et son ministre de l'Int&eacute;rieur). Elles sont devenues trop flagrantes pour garantir la stabilit&eacute; politique, &eacute;conomique et culturelle &agrave; la quelle les citoyens aspirent pour ne pas entra&icirc;ner &agrave; plus ou moins court terme un changement de r&eacute;gime politique vers une forme plus autoritaire.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Maurice D.</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://static.blog4ever.com/2010/08/431391/big_artfichier_431391_2112073_201305070942490.png" class="zoomable"><img src="http://static.blog4ever.com/2010/08/431391/artfichier_431391_2112073_201305070942490.png" /></a></p>...

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