<p><br />À Rome, à la demande du peuple, l'empire d'Auguste succéda à la République dont l'élite politique était devenue corrompue. En France, le même phénomène se produisit, plus vite, en quelques années, dès la Première République qui se perdit dans le sang et la corruption généralisée des socialistes jacobins et des communistes montagnards, et ce fut Napoléon. On oublie souvent que le phénomène se reproduisit encore avec la Seconde République et Napoléon III dont le règne commença en présidence de la République et s'acheva en Empire légitimé par des plébiscites écrasants jusqu'à sa fin.<br /><br />À une république pourrie par son élite politique, démocratiquement élue certes, mais rendue malhonnête par sa professionnalisation, le peuple et les juristes constitutionnalistes préféraient un homme seul, régulièrement contrôlé par le suffrage universel.<br /><br />C'était, notons-le, l'idée de De Gaulle avec la V<sup>ème</sup> République donnant le pouvoir réel au seul président de la République mais en restant dans un cadre républicain. Sauf que, dans les cas précédents, l'heureux élu disposait d'une durée de mandat quasi indéterminée lui donnant le temps de rétablir un développement durable, tant social qu'économique, sans être à la merci de majorités politiques changeantes. <br /><br />En fixant une durée de sept ans, encore raccourcie à cinq ans, l'avantage donné par le mandat à durée indéterminée du premier personnage de l'Etat a été détruit et l'on est retombé dans le vieux cycle infernal de la République vite corrompue par une élite politique carriériste puisque quasiment élue à vie. Mais le pire est que le peuple ne vote plus pour un homme de grande réputation comme ce fut le cas pour Bonaparte, Napoléon et De Gaulle, deux généraux et un politicien libéral (Napoléon III), <span style="text-decoration: underline;">mais pour un parti qui présente un homme choisi par les militants</span>, ce qui fausse l'effet bénéfique du principat (du latin "princeps", le premier d'entre tous) en portant souvent au pouvoir un homme déjà corrompu.<br /><br />De plus, la V<sup>ème</sup> République a bien des avantages, mais il lui manque la possibilité d'un renouvellement du personnel politique par une durée de mandat limitée afin d'éviter la corruption systématique de celui-ci. <span style="text-decoration: underline;"><br /><br />Car il ne faut surtout pas croire que seul Cahuzac soit corrompu : la plupart des élus seraient bien en peine d'expliquer comment ils ont amassé en quelques années de si coquets magots en étant fonctionnaires et députés toute leur vie, à commencer par l'actuel président de la République et ses ministres</span>.<br /><br />Les avantages d'un système impérial pour le rétablissement de la prospérité sociale et économique sont connus, ses inconvénients aussi qui résultent le plus souvent des excès de quelques "princeps" gagnés par la folie du pouvoir et qui finissent par le rendre héréditaire et oppressif.<br /><br />Les principes démocratiques modernes condamnent l'empire en lui trouvant plus d'inconvénients que d'avantages. Pourtant, les citoyens lassés de la dégradation de leur situation économique et de leur protection sociale par l'incompétence et la rapacité des élus et des ministres républicains finissent souvent par préférer le risque d'un homme seul à celui de la prolongation de leur misère. Ils abandonnent les valeurs de la République et demandent à profiter des avantages d'un régime autocratique.<br /><br />Compte tenu du manque d'estime dont souffre la démocratie française et son personnel politique aujourd'hui, les sondages indiquent que 76 % des Français estiment que le système ne fonctionne plus, que leurs élus sont pourris jusqu'à la moelle, même et surtout les socialistes, et ne sauront pas les sortir de la crise économique et sociale sans précédent que connaît la France.<br />Il est bien possible que le peuple français se décide à faire le choix d'un autocrate, peut-être une femme mais plus certainement un militaire pour redresser la France.<br /><br />Les palinodies de Hollande et les incantations de Peillon pour rétablir un semblant de morale publique et enseigner les valeurs de la République aux enfants n'y changeront rien, parce qu'ils font une erreur de diagnostic : ce n'est pas le peuple français qu'il faut changer, comme disait Brecht, pour moraliser la République, mais ceux qui se sont autoproclamés les plus compétents et les plus honnêtes, et se sont appropriés le pouvoir à vie par toutes sortes de petites manœuvres convergeant dans ce but : les énarques.<br /><br />Si on les juge aux résultats obtenus, ils sont loin d'être aussi brillants et compétents qu'ils le pensent et l'on est en droit de se poser la question de leur place dans la société. Ne serait-il pas préférable de les cantonner aux places de second plan où De Gaulle les voyait quand il les appelait "<i>les grands commis de l'Etat</i>" ? Car il est clair qu'ils ne méritent pas plus. <br /><br />Ce dont la France a besoin aujourd'hui le temps de son redressement, c'est d'un Ronald Reagan qui redressa les Etats-Unis en faillite, d'une Margaret Thatcher qui sut faire revenir la prospérité en Angleterre, d'un Helmut Kohl qui sut placer l'Allemagne sur les rails pour en faire la locomotive de l'Europe. Et arrêtons de mettre aux commandes de l'Etat les énarques, les "frères" et les hommes de Goldman Sachs comme les Monti, les Draghi et autres Trichet, tous dotés d'un esprit clanique et affairiste qu'un mien cousin surnommait les "Gold mit uns" ("l'or avec nous" par paraphrase de "Gott mit uns", Dieu avec nous).<br /><br />Et soyons clairs : les citoyens de la république ne veulent pas d'une monarchie, ce qu'ils veulent, c'est une république "restituée" après son dévoiement par la classe politique, que ce soit à la fin de la IV<sup>ème</sup> république par les socialistes et les communistes, que ce soit sous la V<sup>ème</sup> par les énarques, de droite d'abord, de gauche maintenant.<br /><br />Ils veulent une république garantie par l'autorité morale et l'exemple personnel de l'un de ses citoyens, comme le fut la V<sup>ème</sup> à son début avec De Gaulle, puis Pompidou, avant que les Mitterrand et Chirac ne lui inoculent les germes de la corruption dont Hollande est le triomphe.<br /><br />Mais ce citoyen là, répétons-le, ne pourra pas venir d'un parti, ce qui complique le problème car les partis "tous pourris" et tous truffés d'énarques, même le FN, ont bien verrouillé le système d'accession au pouvoir.<br /><br />L'idée n'est pas neuve, déjà Cicéron dans <i>De Republica</i> défend l'idée d'une république "tempérée" dirigée par un "<i>premier entre égaux</i>" (primus inter pares), "<i>attaché à l'idéal républicain et ne transgressant pas les cadres de la Constitution, mais représentant, par son exemple, l'esprit même de la république, et capable de passer à l'action à tout moment pour rétablir les écarts entre la république concrète et l'esprit qui devait l'animer</i>" (David Engels, <i>Le Déclin</i>). <br /><br />Il ne s'agit donc pas d'une monarchie, mais d'une république dont le bon fonctionnement est garanti par un souverain détenant des pouvoirs civils et militaires importants, constamment légitimés par le suffrage universel.<br /><br />Cette volonté populaire pour l'élection directe d'un président "fort" se manifeste clairement en France avec le retour en grâce de Nicolas Sarkozy dans les sondages, maintenant qu'il est évident que Hollande est trop mou, trop indécis, trop lié au socialisme, à la franc-maçonnerie et à divers clubs mondialistes pour être l'homme que la situation nécessite. Mais elle se manifeste aussi au niveau de l'Europe où les citoyens Européens prennent de plus en plus souvent le risque de voter pour des partis radicaux pour faire entendre leur souhait. "<i>Peu importe, au fond, la forme constitutionnelle donnée à cette autorité centrale : monarchie "augustéenne", dictature éclairée dans le style de celles des années 1930, protectorat éclairé de la république par un ou plusieurs généraux, présidence sans cesse renouvelée comme dans bon nombre de pays méridionaux, jeu de chaises musicales comme dans la Russie de Poutine et de Medvedev</i>" (David Engels).<br /><br />Toutes ces solutions reflètent la même chose : la volonté populaire d'avoir un homme qui opère les choix entre les options politiques sans se préoccuper de ménager quelque parti que ce soit, sans être à la merci d'échéances électorales à répétition ou d'une révocation par l'opposition, le temps que la prospérité économique, la protection sociale, la sécurité et l'identité de la nation soient clairement rétablies. <span style="text-decoration: underline;"><br /><br />La concurrence entre partis démocratiques est en effet devenue trop dangereuse et leurs membres trop incompétents du fait des "primaires" qui font monter au sommet non le meilleur et le plus compétent, mais le plus indolore et le plus roublard, pour que la stabilité de l'Etat et le développement durable du pays puissent être assurés</span>.<br /><br />Les incohérences entre les "valeurs" et les idéaux démocratiques affichés et la réalité technocratique d'un pouvoir qui échappe de plus en plus aux électeurs méprisés par les dirigeants sont évidentes (traitement de la "grande manif" de droite comme de leurs alliés de gauche par le président et son ministre de l'Intérieur). Elles sont devenues trop flagrantes pour garantir la stabilité politique, économique et culturelle à la quelle les citoyens aspirent pour ne pas entraîner à plus ou moins court terme un changement de régime politique vers une forme plus autoritaire.</p>
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<p><strong>Maurice D.</strong></p>
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<p><a href="http://static.blog4ever.com/2010/08/431391/big_artfichier_431391_2112073_201305070942490.png" class="zoomable"><img src="http://static.blog4ever.com/2010/08/431391/artfichier_431391_2112073_201305070942490.png" /></a></p>...
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